Le Menzeh

"Menzeh" signifie en arabe "se reposer". C'est aussi le nom d'un petit kiosque que l'on installe dans les jardins, sur les terrasses, pour s'y reposer et laisser un peu le temps filer autour d'un thé en regardant la vue.
Et à Dar el Kebira cela manquait un peu. Il manquait aussi une vue de la terrasse sur Marrakech et l'Atlas.
L'idée a donc été d'installer ce petit menzeh sur le toit de la buanderie actuelle.
Première chose, bazarder cet espèce de "bar" dont la sorte de capote en plastique avait du vouloir reproduire l'esprit brasserie parisienne qui n'avait donc rien à faire à Marrakech.

Juin 2012

Voilà donc à quoi ressemblait la buanderie avant les travaux.


La buanderie vue de face avec la parabole qui sera aussi déplacée.



La buanderie avec son "bar" couvert.

Donc je prépare les travaux avec Saïd et je demande que les travaux commencent après mon départ. L'idée était de faire trois petits bancs en maçonnerie, recouverts de zelliges, avec aux trois coins des lampes elles aussi en maçonnerie, mais couvertes de petits toits pointus en tuiles. Pour que le tout soit solide, il faut faire tomber la terrasse pour mettre une petite dalle en béton. Je laisse les plans et les cotes à Saïd, croise les doigts et rentre à Paris.

Juillet 2012
Les travaux commencent début juillet.
Saïd m'envoie quelques photos.


La terrasse est supprimée


Probablement pour me faire une bonne surprise, Saïd prend l'initiative  de remonter le toit de 60cms... on verra ce qui va suivre !


Le béton est préparé.


La terrasse est reconstruite.


Les travaux de terrassement presque finis, je reçois un mail de la maison d'hôtes voisine de Dar el Kebira, furieux, disant que j'avais construit une "tour" et que j'avais une vue plongeante chez eux. Il est vrai qu'ayant remonté de 60 cms le projet, debout sur le futur menzeh on allait vraiment dominer leur terrasse. Maintes palabres avec mes voisins où ils menaçaient de vouloir le faire détruire arguant du fait que je n'avais aucune autorisation pour le faire construire. Ce qui est vrai : il est interdit de construire dans la médina sans autorisation. Saïd m'a avoué ensuite qu'il avait fait très attention à cacher les sacs de ciment et tous les autres matériaux de construction en les acheminant vers le riad.
Et tout ça au téléphone à partir de France sans bien sûr avoir vu quoi que ce soit de construit. A les entendre, je m'imaginais la tour Montparnasse.
Finalement je transige avec eux en leur disant que j'allais isoler le menzeh en construisant au dessus une sorte de pergola et que j'allais fermer les deux côtés qui donnent chez eux.
Par chance, ce deux côtés sont les vues les moins intéressantes : je peux garder libre la vue au sud vers l'Atlas et la vue sur la jolie partie de Marrakech et la Koutoubia. L'ennui c'est que je vais devoir monter encore une structure au dessus de ma petite terrasse ce qui augmente le risque de voir que l'on a construit. In Cha Allah, ils sont calmés et je fais continuer les travaux.
Donc j'ai un problème avec les lampes en maçonnerie au trois coins surmontées de chapeaux en tuiles. Je fais supprimer l'idée des chapeaux en tuiles et garde les lampes. Je ne les aurais pas fait réaliser si j'avais su dès l'origine que j'allais devoir monter une pergola.

Septembre 2012

Voilà les travaux tels que je les découvre en venant en septembre.

Le toit de la buanderie a bien été relevé de 60 cms
Côté ex-bar, j'ai fait faire un petit toit vert très Marrakchi qui sera la base d'un autre projet... "le Charrije" quand les finances le permettront.
C'est tout de même plus réussi que la couverture en ferraille et plastique, bien que le bandeau avant en béton soit un peu épais. Il faudra trouver une idée (je l'ai déjà je vous rassure) pour arranger un peu tout ça.

Vue des petits bancs et des lanternes.

Eté 2012

Après cet épisode avec mes voisins, j'ai travaillé tout l'été sur Sketch-up pour imaginer la nouvelle pergola avec les deux côtés fermés. Je recommande ce logiciel gratuit de Google qui permet de faire des dessins d'architecture en trois dimensions et facile d'apprentissage. Prévoir quelques heures tout de même pour commencer à bien savoir s'en servir. Attention, faire un travail fini prend un nombre d'heures considérable.
Je vous fais grâce de tous les projets intermédiaires et le nombre d'heures passées à peser tout les projets.

Voilà donc ce que j'imagine :

La porte et l'ouverture vers Marrakech et la Koutoubia.

La grande ouverture sur le sud avec l'Atlas au fond.

Les deux côtés seront fermés par deux petites fenêtres en carreaux colorés. De part et d'autre des éléments de menuiserie, mêlant moucharabieh, verres de couleur et motifs en étoile (sceau de Salomon "khatem Slimani"). Les carreaux sont jaune en bas pour figurer le sol, vert pour la végétation, bleu pour le ciel. Ce furent encore des heures de mise au point et de dessin.

Il faut ensuite décider pour le sol. Tout simple en bejmat avec bordure en demi carré de zellige blanc. Pour les bancs on décide de faire tout bleu avec des étoiles rouges qui rapelleront celles des fenêtres. Voilà les maquettes qui ont été faites séparément sur calque car trop difficiles à réaliser sur Sketchup :


Panneau Est : Détail de la fenêtre centrale et du motif en moucharabieh de la fenêtre de gauche. Dans le fenêtre centrale les carreaux de couleur symbolisent le jaune en bas pour la terre, puis vert pour la nature, puis bleu pour le ciel.



Panneau Nord qui donne sur la terrasse : Même motifs qui ci-dessus, mais en plus petit car cette face est moins large. Leas arrondis ("kous") au dessus des fenêtres seront finalement abandonnés car ils alourdissaient l'ensemble.

Je laisse toutes les instructions et retourne à Paris.

Septembre 2012

Bien sûr de retour à Paris, je change d'avis : les zelliges des sièges tout en bleu seront trop sombres. Je prépare donc un dessin que j'envoie à Saïd par Internet. ce sera une alternance de carrés bleus et verts avec une bordure en demi-carrés jaune. Exactement les mêmes couleurs que les fenêtres.

Voilà ce qui a été envoyé :

Une fois de plus des heures de travail pour ce simple dessin (vous remarquerez que les zelliges ont des teintes légèrement différentes pour simuler l'effet final).
Saïd me fera remarquer que dans les dessins traditionnels on n'alterne pas les couleurs de la bordure : il y aura donc des bordures unies et bien sûr pas un angle droit sous les genoux mais une bordure en chanfrein. Les deux étoiles rouges (khetam Slimani) sont supposées s'accorder avec celles en vitres rouges (non représentées sur le dessin).

Septembre-Octobre 2012

Amélie en petit séjour là-bas m'envoie une photo.
Les voisins ont encore fait une réclamation en trouvant que la nouvelle structure métallique était trop haute. Ils demandaient de la réduire de 25cm.
Saïd est allé leur montrer les plans et tout s'est calmé. C'est vrai que c'est un peu haut, mais je n'allais pas tout faire scier pour descendre de quelques centimètres.
Vue de la structure métallique


Saïd m'envoie des photos pendant le chantier :

Panneau le long de la porte d'entrée.

Pose des zelliges sur l'une des lampes en maçonnerie.


Octobre 2012

Voilà ce que je découvre en arrivant à Marrakech. Ouf, que des bonnes surprises.


Le détail des menuiseries qui seront posées sur les facades est et nord. L'ajustement de toutes les pièces est parfait.


L'escalier. Solide et stable.


Le travail des zelliges fini


Détail d'une lanterne


Le détail d'une "khatem slimani" (sceau de Salomon).

Novembre 2012

J'avais demandé de sur élever le mur le long de l'escalier car celui-ci donnait directement sur la terrasse du voisin (j'espère qu'à la longue ce dernier ne va pas finir par râler). On voit la différence de couleur entre les deux parties de mur :



Mais surtout Saïd a supprimé le rideau de la bâche pour dégager la vue sur le Menzeh à partir de la terrasse (voir la page spéciale consacrée à la bâche).


Ca commence à prendre forme !


Décembre 2012

Le Menzeh est terminé (ou presque)
Les panneaux ont été vernis de trois couches de vernis marin
Les verres de couleur posés (verres dit "irakiens") qui semblent être de la meilleure qualité (la couleur rouge est d'ailleurs très coûteuse).
Toutes les montants de fer ont été entièrement recouverts de bois.
Le bois est encore un peu clair, mais c'est un bois qui va foncer au soleil. On appelle ce bois le "bois rouge" et la couleur finale av devenir peu à peu celle des murs.
Voilà le résultat :


Je vous rappelle que la buanderie d'origine s'arrêtait au niveau du mur de gauche...

Et une vue de l'intérieur :


Tout cela paraît un peu neuf, mais un été avec 47°C (à l'ombre) va rapidement patiner l'ensemble.
Pour l'instant, je ne prévois rien au dessus. Au mois de décembre, il faisait presque trop chaud, alors hors de question de s'asseoir au soleil et une toile risquerait d'augmenter l'effet cocotte-minute.

La vue vers le Sud vers l'Atlas enneigé :


Et la vue vers l'Ouest sur la Koutoubia.



...et bien sûr les vues

Bilan : C'est pas mal, mais je trouve que ça fait un peu mastok, les croix bleues devaient avoir des montants plus fins, l'arête du toit est un peu vive : bien sûr cela aurait été mieux avec un toit à quatre pentes en tuiles vertes, mais dans ce cas : a) j'étais été prêt de dépasser la Koutoubia, b) mes voisins n'auraient pas vraiment apprécié...
Et que ceux qui ont déjà fait des travaux et qui vous répètent à l'envi : "de toutes façons sur un chantier, il faut y être tous les jours". Gna-gna-gna : il n'y a que les retraités qui peuvent se payer ce luxe. Ou les chômeurs. Ou ceux qui arrivent à 11 heures au bureau (qui d'ailleurs devraient faire attention, car ils vont rapidement rejoindre la deuxième catégorie).
Alors imaginez lorsque vous ne venez que toute les cinq semaines et que vous devez expliquer ce que vous souhaitez avec un maître d'oeuvre dont le français n'est pas la langue natale.
Donc, ce n'est pas si mal.

Mars 2013
Le mieux étant l'ennemi du bien, je trouve que le toit est un peu raté, il fallait faire quelque chose. Comme je ne peux pas faire un toit à quatre pentes, je vais faire une bande de charafas en bois pour finir le toit. Je laisse les dessins et instructions à Saïd. Et préviens la voisine que je rajoute 30cms...

Mai 2013
Said m'envoie les premières photos du charafa posé
Ce n'est pas mal. J'vais peur que ce soit un peu grand. Voyons maintenant comment tout cela va vieillir.

Voilà l'effet avec le charrije :

C'est bien : les charafas sont bien proportionnés. Par précaution on avait fait une maquette en carton et j'avais passé un long moment, Saïd sur le toit avec l'ébauche en main, à décider de la hauteur des charafas.
Comme on peut le voir dans la photo un peu plus haut, il n'y a pas de toit : j'ai une petite idée qu'il faut que je travaille...

En allant visiter un riad proche du mien je me suis aperçu que ma tourelle dépassait vraiment ! Espérons que personne ne se réveille...




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire